Histoire de l’Italie au 20ème siècle : de 1901 à 2000

Le XXe siècle a apporté beaucoup de changements dans la cartographie de l’Italie, mais aussi dans sa scène politique, économique et sociale. En effet au cours du siècle dernier le pays a assisté à la déchéance de la maison de Savoie et de la monarchie italienne, l’implication dans deux guerres mondiales auxquelles le pays n’était pas préparé, la dominance pendant plusieurs décennies du régime fasciste et surtout une grande disparité économique et sociale entre le nord et le sud. Sans omettre la perte de plusieurs colonies notamment en Afrique qui symbolisaient, jusqu’au là la puissance et la grandeur de l’Italie.

Carte des différents États Italiens en 1843

1900-1910

À la suite de l’assassinat d’Humbert Ier, Victor Emmanuel III a gouverné le royaume d’Italie. Durant cette décennie, le centre de l’Italie connaissait une forte croissance économique qui s’est accompagnée d’importants flux d’émigration et une forte effervescence nationaliste. Au début de 1901 Giovanni Giolitti était à la tête du conseil des ministres, souvent montrer du doigt pour son implication dans la corruption ceci ne l’a pas empêché d’adopter de nombreuses mesures et de faire voter plusieurs lois sociales en rapport avec la réglementation du travail (travail des femmes et des enfants, la mise en place des caisses d’assurance ouvrières, l’obligation du repos hebdomadaire…), il a également mis en lace un programme de reboisement, comme il a veillé au désenclavement du monde rural. Côté relations internationales, l’Italie n’a pas hésité à renouveler son alliance avec l’Autriche et l’Allemagne en 1902. En 1904 Giovanni Giolitti a pu même convaincre le pape d’avoir un assouplissement du non expedit, ce qui a permis aux catholiques de participer aux élections locales. Et à cette même période, l’Italie renoue avec sa politique coloniale malgré l’opposition des socialistes.

1911- 1920

Au niveau de la politique extérieure, elle s’est caractérisée par un regain d’esprit de colonisation notamment avec l’attaque italienne des Turcs en Lybie en plus



de l’occupation des îles Dodécanèse en mer Égée en 1911 ce qui a permis à l’Italie d’entrer en possession de la Lybie à la suite du traité de Lausanne. Mais sur le plan interne et grâce aux mesures de Giovanni Giolitti une loi sur le suffrage « universel » masculin a été votée en 1912. L’année suivante l’Italie entre en conflit avec l’Autriche à propos de l’Albanie qui assure le contrôle de la mer Adriatique, une situation qui explique la neutralité italienne lors des premiers mois de la Première Guerre mondiale. À la fin de celle-ci d’autres États ont rejoint le royaume d’Italie en 1919 il s’agit notamment de Trentin, du Haut-Adige, de Gorizia, du Frioul Oriental, d’Istrie, de Trieste et de Zara.

Les Milices Nationalistes Italiennes occupant Fiume en 1919 (Aujourd’hui Rijeka en Croatie).

Économiquement parlant le pays connait une importante croissance industrielle, notamment au nord, favorisée par la création des chemins ferrés et des tunnels liant le pays à la France et à la Suisse, en plus de la présence des centrales hydrauliques productrices d’électricité. Mais le sud de l’Italie reste toujours dominé par la pauvreté et la présence de la mafia.

1921-1930

Le Fiume s’est uni au royaume dès 1924, mais malgré le gain de nouveaux territoires, l’Italie d’après guerre a encaissé de nombreuses pertes humaines soit 650 000 morts, 947 000 blessés et 600 000 disparus ou prisonniers, sans compter les sommes astronomiques engagées pour financer la guerre et dont la liquidation n’a eu lieu que dans les années 70. Une situation qui va dégénérer en agitations populaires semant la crainte parmi la noblesse qui va chercher à confirmer sa puissance par la force ce qui favorisera par la suite la naissance du régime fasciste.

1931-1940

Dans les années 30 Mussolini détient de plus en plus de puissance en Italie et voit émerger dans d’autres pays européens des partis analogues au sien, surtout en Allemagne avec le parti national-socialiste (nazi) et son emblème Hitler. La guerre d’Espagne qui débutera en 1936 permettra à Mussolini d’assister militairement les troupes franquistes, et de contribuer à l’ascension d’un autre régime fasciste, dès 1939. Entretemps, l’Italie entamera une guerre en Abyssinie en 1936 et une autre en Albanie en 1938, puisant encore une fois dans le budget de l’État pour financer l’armement et les interventions militaires.

Carte de l’Empire Italien en 1940

1941-1950

L’alliance de l’Italie avec l’Allemagne va l’entrainer dans la Seconde Guerre mondiale à laquelle le pays n’a été guère préparé, ce qui va engendrer une importante crise économique et sociale. À cette même période, l’Italie perdra beaucoup de son autorité sur ses colonies en Afrique comme elle va entrer en désaccord avec l’Allemagne qui chassera la famille royale vers le sud du pays. En 1944, les femmes auront pour la première fois le droit au vote.

Soldats Italiens Capturés à El-Alamein en 1942

Après l’abdication de Victor Emmanuel III, Humbert II sera désigné comme roi pendant un mois seulement « roi de Mai », il annoncera la comme région autonome avant la proclamation de la République Italienne en mois de juin 1946, mettant fin au règne de la maison de Savoie qui a duré 85 ans. À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, l’Italie va céder l’Istrie, le Fiume et Zara à la Yougoslavie en 1947. En accord avec la constitution républicaine du 1er janvier 1948, l’exile de Humbert II devient une loi constitutionnelle qui ne prendra fin qu’en 2002 à la suite d’une révision. Entretemps en 1945 Mussolini après sa fuite au nord de l’Italie où il a établi la république de Salo, va être capturé et exécuté par des résistants italiens.

1951-1960

Les années 50 se sont caractérisées par l’insertion progressive dans les institutions internationales, ainsi l’Italie va rejoindre la communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951, puis elle va adhérer à l’ONU en 1955 et en 1957 le pays fera partie des six premiers pays fondateurs de la communauté économique européenne. Du côté de , l’Italie connaissait un essor rapide qui a été désigné par le miracle économique avec à l’appui une croissance annuelle moyenne de 6% menée notamment par la révolution industrielle notamment au nord du pays sur l’axe de Milan, Turin et Gênes, en plus de l’intérêt accordé à l’agriculture qui employait près de 44% de la population active en 1951.

La Fiat 600, symbole de la réussite économique italienne dans les année de l’après-guerre. (1950-60)Creative Commons Blackcat

1961-1970

Depuis qu’elle est devenue une république, l’Italie a connu une forte instabilité politique. En 1962 une coalition est née entre les démocrates-chrétiens et les sociodémocrates suivis d’une deuxième en 1963 dirigée par Aldo Moro. Côté économie, l’Italie se propulse au-devant de la scène économique mondiale avec la création de plus d’usines mettant à profit le coût bas de la main-d’œuvre et sa grande productivité. Une croissance économique qui s’est répercuté sur le social, ainsi en 1961, l’industrie emploie 38 % de la population active, alors que le secteur tertiaire réunit 32 % et l’agriculture dispose de 30 % de la population active. À cette époque l’Italie s’est forgé une bonne réputation à l’échelle internationale et a pu rejoindre le club sélectif des sept nations les plus industrialisées au monde.

1971-1980

L’instabilité et l’insécurité domineront l’Italie durant cette décennie, surtout après l’émergence de terrorisme fomenté par les néo-fascistes qui ont infiltré les services secrets et qui seront derrière l’attentat meurtrier de 1980 qui a fait 84 morts à la gare de Bologne. De leur côté, les brigades rouges représentant l’extrême gauche assassineront Aldo Moro en 1978.

L’économie italienne a été franchement ébranlée à la suite du choc pétrolier de 1973, qui a provoqué une hausse de l’inflation à un taux de 20 % par an, doublé d’une croissance fulgurante du chômage, qui a frappé près de deux millions de personnes dans les années 70. Une crise économique qui s’est fait ressentir au niveau de la balance commerciale devenue gravement déficitaire et a annoncé une période de récession qui a chamboulé la structure de la population active en Italie.

1981-1990

Le scandale de 1983 lié à la loge P2, une société secrète d’extrême droite annoncera le glas de la démocratie-chrétienne qui cèdera la place à Bettino Craxi du conseil socialiste. Mais quatre ans plus tard c’est le démocrate-chrétien Giulio Andreotti qui reprendra les rênes. Dans les livres d’histoire, cette période de noirceur a été désignée par les années de plomb. D’un autre côté au cours de cette décennie le pays assistera à son deuxième miracle économique basé cette fois sur le secteur tertiaire notamment les services qui profitent de l’avancée technologique au détriment du secteur primaire et secondaire qui ont connu un certain recul.

1991-2000

1992 va connaitre l’ascension des sociodémocrates et à leur tête Giuliano Amato en plus de la mise en action de l’opération « main propre » lancée par les juges de Milan afin de lutter contre la corruption dont la première victime l’ex-chef du gouvernement Craxi qui fuira en Tunisie où il décèdera en l’an 2000. À Palerme une autre lutte est menée cette fois contre la Mafia par le juge Giovanni Falcone qui sera assassiné en 1992. À cette époque l’Italie connaitra un changement politique notable avec l’effacement du parti communiste et l’apparition d’une coalition dirigée par le milliardaire Silvio Berlusconi en 1994, mais qui ne dura qu’un an avant sa chute et son remplacement par un gouvernement technocrate auquel succèderont d’autres chefs d’État avant le retour de la coalition de Berlusconi en l’an 2000 et qui va rester au pouvoir jusqu’en 2006.